La semaine dernière, mes
petites copines et moi-même nous sommes rendues à Amsterdam.
Arrivées à la gare on se disait déjà à nous l'alcool, les putes
et la drogue. On était un peu comme des Christophe Colomb avec des
nichons arrivant en terre inconnue, terre de toutes les libertés et
des plaisirs. Comme j'étais chargée de trouver l'appartement, j'ai
choisi celui avec le plus grand nombre d'étoiles (et par conséquent
le plus cher mais comme on est toutes riches sauf moi ça n'a posé
de problème à personne). On s'est retrouvées dans un palace avec
45 mètres de hauteur sous plafond, des ventanas qui s'ouvrent avec
une télécommande (elle était configurée en espagnol), une toilette avec deux
portes pour que ceux qui sont au salon n'entendent pas ceux qui font caca et un tapis moelleux en peau de mouton frisé gris. Tout
ceci agréablement situé dans le quartier des putes. En deux mots,
le paradis.
En petites biches innocentes que nous sommes, nous ne nous doutions pas une seule seconde que notre forteresse enchantée était dans ce quartier. C'est le premier soir vers minuit, après avoir bu des
bières comme des mecs et mangé des tartines de houmous comme des
filles, qu'on s'est aventurées à l'extérieur et que
nous avons remarqué qu'on était chez les péripatéticiennes. Parce
que la journée, c'est un quartier tout ce qu'il y a de plus
innocent. Avec des bars, un canal, des vélos-tueurs et des tulipes.
Ce n'est que lorsque la nuit arrive que cela se transforme en centre
commercial où les seules marchandises à acheter sont des femmes,
toutes plus belles les unes que les autres, soigneusement rangées
dans des vitrines éclairées par des néons rouges. La clientèle
étant composées de mecs venus enterrer leur vie de garçons,
d'hommes de tout genre venant se rincer l'oeil, s’enivrer pour
trouver le courage d'aller consommer un peu de sexe payant, ainsi que
de simples gros porcs. J'ai détesté la gente
masculine durant tout mon séjour à Amsterdam. Je me suis
sincèrement demandée « mais qu'est-ce qu'on a fait pour en
arriver là ». Mis à part le fait que je ne sois pas
spécialement contre la prostitution, j'ai quand même cherché ce qui avait foiré chez les humains pour qu'on en soit arrivé au
point de mettre des femmes en vitrine pour les acheter.
Après le premier soir où
nous étions passablement choquées de voir ce spectacle, on
s'habitue mêmes aux pires choses avec le temps, nous avons décidé
d'essayer d'en rigoler. C'est ainsi que le dernier soir, après nous
être renseignées sur le temps moyen d'une passe, nous nous sommes
mises devant des vitrines et avons chronométré le temps que
faisaient les mecs à l'intérieur pour vérifier nos informations et
nous avons observé leurs têtes quand ils en sortaient.
Sociologiquement c'est assez intéressant. La majorité sortent en
héros, comme s'ils avaient gagné la Coupe du Monde, sauf qu'ils ont encore le bout du gland dehors du froc et que ça fait chiffon quand même. Ils rejoignent
leurs copains qui les ont attendu durant environ dix minutes (eh oui
kikoo les éjaculateurs précoces) à l'extérieur et ils rigolent
tous, genre « bien joué mec t'as réussi » en se
tapant dans le dos. C'est beau toute cette camaraderie ça m'a
presque mis la larme à l'oeil. Ce petit jeu nous a amusé un moment
puis nous sommes reparties vaquer à nos occupations. Occupation
beaucoup plus noble qui était de voir un peep show.
A côté de ces visites
culturelles d'un soir, nous avons entrepris la visite d'endroits
beaucoup plus traditionnels tels que le musée d'Anne Frank, celui de
la presse et un de tableaux datés d'avant 1900. Nous avons siroté
des jus au bord des nombreux canaux sous le soleil, nous avons mangé
des space cake (enfin une moitié par personne pour être honnête) en pleine
journée et nous sommes retrouvées au lit à 21h parce qu'ils
étaient trop forts (et par « nous » j'entends deux
d'entre nous dont moi, les deux autres superwomen indestructibles ont
encore réussi à sortir boire un verre et faire le musée de la
prostitution où elles ont pu se mettre dans une vitrine pour voir
l'effet que ça fait), nous avons acheté de la marijuana dans un
coffee shop où nous avons découvert qu'il y a un menu et tu achètes
celle qui te tente le plus (pour rigoler, pour s'endormir, pour se
réveiller, pour être intelligent, pour être beau ou au moins croire que tu l'es, etc), nous avons
dansé dans un bar où nous ne pouvions fumer que des joints et pas
de cigarettes, nous sommes passées devant un magasin de préservatifs
qui s'appelle La Condomerie où on peut acheter des centaines de
modèles différents, nous avons sauvé un homme d'une overdose en le
mettant en position de secours, appelé les urgences puis finalement
il s'est relevé mais le lendemain à midi on l'a retrouvé dormant
sur un banc comme mort (on ne sait donc pas s'il est vivant ou pas à
ce jour), nous avons crié « salut les puceaux » à
maintes reprises devant des troupeaux de mecs qui regardaient les
filles dans les vitrines, on a demandé en italanglollandais (parce
qu'on ne savait plus très bien quelle langue parler) des limoncellos
gratuits dans un resto italien parce que merde en Italie on nous les
offre à la fin du repas (et on les a eu).
Doux Jésus ce fut un
sacré week-end.
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